Comprendre la problématique de l’agrile du frêne
L’agrile du frêne est un insecte originaire d’Asie. Arrivé en Amérique du Nord dans les années 90, il n’a cessé de progresser, tuant des millions de frênes. L’absence de moyens de contrôles efficaces et l’introduction de l’insecte sur de longues distances par le transport du bois contaminé ont favorisé la propagation de l’insecte.
Comment contrôler l’agrile du frêne
L’agrile du frêne est difficile à contrôler. Au stade de larve, il vit caché sous l’écorce des frênes, alors qu’au stade adulte, il se retrouve principalement dans les canopées des frênes où il occupe sa brève vie d’une vingtaine de jours à se nourrir du feuillage et à s’accoupler. Ce mode de vie lui assure donc une relative quiétude et les arbres attaqués ne présenteront des symptômes visibles d’attaques que trois ou quatre années plus tard.
Pour lutter contre l’agrile, nous avons peu de moyens. En milieu urbain, abattre les arbres attaqués constitue une tâche essentielle pour protéger les citoyens des dangers que représentent ces arbres. Puisque les arbres attaqués sont détectés tardivement, la coupe de ces arbres n’empêche pas la dispersion des agriles adultes. Les arbres ayant une grande valeur urbaine sont traités avec un insecticide qui, injecté au bas du tronc, est transporté par la sève pour nuire au développement des larves si elles sont peu nombreuses.
Des produits attractifs ont également été découverts et sont utilisés pour détecter et piéger les agriles. Cependant, espérer piéger tous les agriles n’est pas une alternative réaliste. Toutefois, il ne faut pas conclure que nous sommes à court de ressources. Nous avons à notre disposition une stratégie de lutte puissante et efficace que la nature elle-même utilise pour garder l’équilibre écologique. Il s’agit de la lutte biologique avec les organismes naturels, lesquels représentent des régulateurs bien connus des populations d’insectes. Parmi ceux-ci, notons les champignons pathogènes qui infligent des maladies mortelles et transmissibles entre insectes.
Notre solution
C’est en s’inspirant de la nature que des chercheurs québécois ont eu l’idée d’introduire un champignon pathogène dans la population d’agriles, lequel serait transporté par l’agrile lui-même. Après tout, qui de mieux placé que l’agrile pour trouver un partenaire dans les hautes cimes? La méthode développée par les chercheurs se nomme autodissémination et elle utilise un piège à insectes, qui par sa couleur verte et distinctive, ainsi que par sa position au sommet des canopées de frênes, attire principalement les agriles. Ces pièges se différencient des pièges traditionnels qui tuent les insectes. Ici, l’agrile attiré et capturé pourra s’évader du piège uniquement après avoir été infecté par un champignon mortel. Ce que nous voulons maintenant démontrer c’est la transmission de la maladie dans la population d’agriles. Puisque ce piège est placé uniquement dans les cimes des frênes, là où vivent les agriles adultes qui se nourrissent du feuillage, les dommages occasionnés aux insectes non ciblés sont réduits. Par exemple, les abeilles et les autres insectes utiles ne sont pas ciblés par ce dispositif.
Le champignon utilisé dans ce dispositif a été découvert au Québec par ces mêmes chercheurs et il représente un isolat particulier du champignon Beauveria bassiana, lequel est présent naturellement partout sur la planète. Pour faire une analogie avec l’agriculture, un isolat serait, en quelque sorte, un cultivar ou une variété de plantes. L’isolat de ce champignon possède donc des propriétés insecticides qui lui sont propres. Cette propriété lui permet de causer la maladie auprès de certaines espèces d’insectes, sans provoquer d’effet nuisible sur d’autres espèces.
Les champignons pathogènes d’insectes sont sans effet sur les mammifères, les oiseaux et les poissons. De nombreux isolats de Beauveria bassiana sont en vente aux États-Unis et en Europe comme outils de lutte biologique en milieu naturel. Au Canada, nous tracerons la voie!